« Il est minuit, tu devais être rentré il y a trois heures ... »
Il était là, planté sur le seuil de la porte d'entrée, le regard dans le vide. Je me levais du canapé et m'approchai de lui. J'avais adopté une expression du visage complètement impassible pour le déstabiliser et ça marchait du feu de dieu ! Il ne m'avait pas adressé un seul regard. Quand j'étais à quelques centimètres de lui, il me prit dans ses bras mais je le repoussai. Il ne m'aurait pas avec ses bisous et ses câlins. Je ne me laisserai pas aller, c'était le retard de trop ce soir. Je l'observais minutieusement maintenant. Il sentait le parfum, mais pas le parfum pour mec. Le parfum de nana ... Le salaud. Je m'en doutais mais j'espérais quand même. Les retards, les appels sur son portable en pleine nuit, la distance qu'il avait mis entre lui et moi ... Sérieusement. Je n'avais rien dit de plus. J'avais honte, je me sentais humiliée. Qu'avais-je fait pour mérité de souffrir comme ça ? On faisait l'amour relativement souvent, je n'étais pas moche ... Loin de là, même ! Je préparais à manger, je faisais le ménage, je n'étais pas chiante. Il avait l'air heureux avec moi ... Les larmes me montèrent. Il dédaigna enfin lever les yeux vers moi et ouvrir la bouche:

« Je suis désolé, mon coeur. Cela ne se reproduira plus ... »

Je ne savais pas quoi penser. Le nombre de fois qu'il m'avait dit ça ... Le nombre de fois que j'avais gobé ses excuses sans même y réfléchir une seconde. J'avais baissé le regard en réfléchissant sur ce qu'il venait de me dire. Je redressai soudainement la tête. J'étais maintenant en colère.

« Qu'est-ce que tu as fait, Josh ?! Mais merde, qu'est-ce que tu as fait ?! Dis-moi avec qui tu étais. Dis-le moi ... Et je t'en supplie, Josh, ne me mens pas une fois de plus. Je n'en peux plus de tes mensonges. »

Voilà deux ans que nous vivions ensembles à Miami et que nous nous étions mariés. Nous nous sommes rencontrés en France. J'étais partie avec quelques amies à Paris et un soir, nous avions décidé de manger au restaurant pour fêter le début de nos vacances. Nous avions bu et avions dansé toute la nuit. Quand je me suis réveillée le lendemain matin, un homme était dans mon lit. Josh. Au départ, je l'avais insulté. Il avait profité d'un moment de faiblesse de ma part pour s'envoyer en l'air avec moi. Mais finalement, nous avons gardé contact et en faisant plus ample connaissance, j'appris qu'il habitait à une dizaine de kilomètre de chez moi.
A cette époque, c'était quelqu'un de drôle, disponible et ouvert. Nous avons échangé notre premier vrai baiser au troisième étage de la Tour Eiffel. Romantique, non ? Il me regardait, on aurait dit un enfant que sa mère grondait. Il était pathétique. Il répondit à ma question après une dizaine de secondes d'hésitation:

« Christina. Je viens de voir Christina ... »

Ma meilleure amie. Ce salaud m'a trompé avec ma meilleure amie. Christina et moi nous connaissions depuis que nous avions dix ans. A l'époque, elle n'étais pas vraiment appréciée des autres, je l'avais donc prise son mon aile, moi, la populaire Johanna-Lynn Parker ! Je ne l'ai jamais trahi, elle non plus ... Jusqu'à ce jour. Une larme roula sur ma joue. Je me retenais de pleurer mais j'avais mal, tellement mal. Je venais de perdre les deux personnes en qui je tenais le plus dans ce putain de monde et ça, en un soir ! Je ne dis rien, marcha d'un pas décidé vers la porte et pris ma valise. J'enfournais tout ce que je pouvais dans le sac: sous-vêtements, t-shirts, robes, jeans, shorts. N'ayant plus de place, j'en repris une autre que je remplie encore de vêtements. Josh m'avait suivi et sans un mot, s'était placé derrière moi. Quand je me retournai pour prendre mes chaussures, il m'attrapa le bras. De l'autre main, je le baffai violemment. Il me lâcha, complètement étourdi. Je le poussai et attrapa des chaussures que j'enfournai dans ma troisième valise. J'en mis sept paires, fermai ma valise et alla chercher mon manteau. Ce soir, je partais. Et ça, à tout jamais. Je ne reviendrai jamais vers lui, jamais. Après m'être chaudement habillée, j'attrapais mes sacs et quittai l'appartement sans un mots. Il ne me suivit pas. Tant mieux ... J'arrivai sur le trottoir et attendis un taxi. Ce ne fut pas long. Je calai mes trois valises dans le coffre et me plaça sur la banquette arrière direction l'aéroport. Je pris mon portable et bloquai le numéro de Christina et Josh. Adieux, hypocrites.